Les crises sanitaires alimentaires suscitent le plus souvent la peur collective car elles comportent une part d’incertitude et affectent directement la santé des populations. La vache folle, le scandale de la dioxine et quelques années plus tard la contamination de steaks hachés par la bactérie E.coli… autant de crises qui ont eu un impact sur le comportement des consommateurs de plus en plus méfiants et exigeants en matière d’alimentation. Ces crises révèlent généralement un manque de transparence sur la qualité des produits vendus. Des suspicions sur des questions de « naturalité » et « d’authenticité » des produits alimentaires sont aujourd’hui mises en avant, de même que l’origine de la production où la manière dont le produit est confectionné. L’expérience des crises alimentaires passées a aussi montré comment la médiatisation des crises nourrit les peurs et affecte les perceptions des risques par les populations. Cependant selon une étude publiée le 7 décembre 2016, la France arrive en tête sur la qualité de son système alimentaire et est notamment championne de la qualité nutritionnelle de ses aliments.
Les aliments sont plus sûrs aujourd’hui. La détection des risques est meilleure et la gestion de ces derniers, plus performante. Car si le nombre d’alertes augmente, elles ne sont pas liées à une hausse des accidents mais plutôt à la connaissance accrue des risques à gérer”, indique Paul Mennecier, Chef du service de l’alimentation au ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire.
La digitalisation progressive du secteur de l’agroalimentaire permet désormais de mieux tracer l’ensemble des matières premières composant un produit depuis son origine jusqu’à sa transformation et mise en rayon. S’ajoute à cela le renforcement de la réglementation. Tous les exploitants de la chaîne alimentaire doivent répondre à des obligations réglementaires devant garantir la conformité des denrées qu’ils mettent sur le marché. Malgré tout, les acteurs professionnels et institutionnels sont parfois confrontés à des situations d’alerte pouvant mettre en jeu la santé du consommateur, d’où la nécessité d’une action rapide, concertée et efficace. Le règlement (CE) n°178/2002 fixe les procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires. Y est notamment explicité le RASFF, outil de système d’alertes rapides particulièrement efficace dans la gestion de crise pour le partage d’informations au grand public. Il permet à la Commission européenne, aux autorités de contrôle des denrées alimentaires et des aliments pour animaux des États membres et aux organisations d’échanger rapidement et efficacement des informations lorsqu’un risque pour la santé a été identifié.
Dans cette crise de confiance, l’ensemble des acteurs de l’agro-alimentaire ont un rôle à jouer pour rassurer et sensibiliser les consommateurs. Au-delà de la qualité nutritionnelle des produits, leur rôle est de fournir des informations pertinentes et fiables.
Le règlement (UE) N° 1169/2011 dit « INCO » implique pour les industriels de transmettre une meilleure information au consommateur via les étiquettes/emballages des denrées alimentaires. Comme le synthétise l’ANIA, il présente 5 changements majeurs pour le consommateur :
- La mise en évidence de la présence d’allergènes dans la liste des ingrédients
- Une information nutritionnelle qui devient obligatoire et uniforme
- L’amélioration de la lisibilité des étiquettes
- L’étiquetage obligatoire de l’origine de la viande à partir du 1er avril 2015
- L’accès à toutes les informations pour les produits de la vente à distance
Au-delà de ces informations réglementaires, il semble nécessaire de tracer avec exactitude des éléments tels que : l’origine des matières premières et l’identification de leurs fournisseurs, les informations relatives aux sites de production et pratiques de fabrication, les analyses produits (microbiologiques, physico-chimiques, organoleptiques)… Ces données exhaustives et à jour ont permis aux acteurs de la filière de remonter jusqu’à l’origine du produit et de communiquer les bonnes informations lors des crises telles que “le lait chinois”,ou encore la présence d’histamine sur le thon. Elles permettent également au quotidien de répondre aux interrogations clients sollicitant les services consommateurs des industriels et distributeurs. Autant d’actions prouvant qu’une meilleure maîtrise des données produits comblent un déficit passé d’informations avec pour objectif de retrouver peu à peu la confiance des consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments consommés.